Le marathon




Go, go, go !!!

KM1 : Place de la concorde. Sur la place, on s'affaire pour le discours de Sarko l’après-midi... Nous avons bien mieux à faire... courir :D  Nous dépassons un groupe de musiciens... Ils vont courir le marathon comme ça ???
Nous restons avec notre meneuse d'allure... qui nous semble être partie un peu vite. 
KM4 : J’enlève le haut. Ma veste (prévue pour finir dans une poubelle) n'est pas adaptée à la course à pied et j'ai "chaud". Je la laisse donc là où il était prévu qu'elle finisse.
KM5 : C'est le premier ravito, bien organisé, mais il y a beaucoup de déchets (peau d'orange et de bananes) par terre; c'est glissant et il faut être prudent... Et au contraire, juste après le ravito, le sol est collant (ça consomme de l’énergie ça, non ??). Je ne regrette pas d'avoir fait le choix de l'autonomie... Je me mets à l'opposé du ravito sur la chaussée et je ralentis l'allure pour attendre Nadège. On attend notre meneuse d'allure, mais elle ne nous semble pas régulière et elle s’arrête longtemps au ravito pour rester dans le bon timing. J'en profite pour prendre mon "dolipranne"
KM6 : C'est la première bosse... Je n'aime pas les bosses !!! Mais à ce stade, ça passe ;-) Nous décidons de faire notre course et de ne plus suivre notre meneuse, nous sommes bien dans le rythme prévu.
KM11 : Nous sommes sur l'esplanade du château de Vincennes... C'est la première fois que j'y mets les pieds et je trouve que c'est beau... On s'affaire pour le discours de Hollande (décidément, ils n'ont rien de mieux à faire !!)... J'aurais préféré une répétition du concert "Solidays" par exemple. Mon mal de tête est passé.
KM14 : Nous sommes dans le bois de Vincennes, on passe le premier groupe un peu "rock"... Ça fait du bien, les corps de chasse commençaient à me fatiguer.
KM18 : Avenue de Gravelle... Ça descend... On prend une bonne rafale de vent (et de feuilles et de sable ou je ne sais quoi) dans les dents. Il est froid ce vent... C'est usant... Mais bon, si je n'ai pas perdu mes orteils lors du trail nocturne par -8°C. C'est pas un coup de vent qui va m’arrêter :D
SEMI : 2 h 26' 40"
Une petite avance mais nous sommes bien. Nadège va bien malgré sa semaine perturbée. Je me dis qu'elle ira au bout
KM23 : L'arrivée sur les quais de Seine, il parait que c'est long et ennuyeux comme secteur... Je me suis tellement fait à l'idée que c'est ennuyeux que finalement, ça passera bien...
KM25 : Nadège me dit qu'elle sent des début de crampes... Je m'enflamme à lui donner un conseil (" bois dans ton Camelback, c'est pour prévenir les crampes ")... C'est vrai qu'elle n'a pas l'habitude de faire du sport :D
Il commence à y avoir de la casse parmi les coureurs, on double des "marcheurs". Notre ex-meneuse d'allure nous double alors que nous sommes toujours en avance sur l'objectif de 5h.
KM29 : C'est le poste de massage... Un p'tit massage en regardant la tour Eiffel, ça peut être sympa, non ? Non, non... toi tu continues à courir sinon tu ne repartiras pas !!! Les cuisses commencent quand même à être dures !!
KM32 : C'est le fameux cap du "mur". Je ne le ressens pas tant que ça (en tout cas je m'attendais à pire). Bien sûr, j'ai la sensation que je ne pourrais pas accélérer (est-ce que j'aurais vraiment pu auparavant ?), mais je m'attendais vraiment à quelque chose de plus "violent" (et c'est très bien ainsi, j'aime bien m'être trompé !!)
KM34 : Il y avait un collègue de l'ESR jusqu'à 11h45 pour nous encourager... Il est 13h, dommage !!! D'ailleurs, je comprends mieux l’intérêt d'avoir son prénom sur le dossard : les spectateurs peuvent nous lancer quelques "Allez Olivier, Allez Nadège" qui font du bien, d'autant qu'ils viennent de gens qu'on ne connait pas, mais qui sentent que des encouragements ne sont pas de trop.
Ça monte et ça commence à piquer dans les jambes !!! Mais je suis officiellement dans la sortie la plus longue de ma vie (depuis 2 kms).
KM36 :  J'ai une ampoule qui se perce au gros orteil du pied droit... C'est ma première fois :-) Nadège me demande si je veux m’arrêter... Heu... c'est pas une p'tite ampoule qui va m’empêcher de finir alors que je me prépare depuis des mois. N'y penses même pas !!!
Il y a de plus en plus de coureurs qui marchent... Mais visiblement c'est compliqué de se mettre sur le coté de la route... Pis comme ça, ceux qui continuent à courir peuvent slalomer un peu pour ne pas s'ennuyer !!!
KM37 : Je ne sens plus mon ampoule... Et je ne me sens plus d'ailleurs. Nadège me propose de finir seul pour accélérer. Heu, ne t'enflamme pas Olivier !!! J'ai la "sagesse" de rester avec elle, j'ai envie que l'on finisse ensemble.
KM40 : Je prends mon "Red Tonic - Sprint Air". C'est frais ! J'ai très mal aux genoux mais je sais que j'irais au bout... Les jambes n'ont plus grand chose à voir avec ce qui se passe maintenant... C'est surtout dans la tête que la fin va se jouer, c'est une question de mental.
KM40,5 : Un spectateur (ou un coureur déjà arrivé depuis quelques temps) nous lance "Allez, il reste 1500 m et ensuite il y plein de monde, vous serez encouragés et ça ira". Un coureur derrière moi lui dit qu'il a mal. La réponse ne tarde pas : "Non, non... C'est demain que tu auras mal jambes"... Je trouve même la force de sourire. Ça va mieux.
KM42: C'est l'avenue Foch, il reste moins de 200 m. Cette ligne droite que j'imaginais interminable me semble toute petite. Nadège me donne la main et sans rien dire, nous ralentissons... Sûrement pour faire durer ce moment, celui où l'on voit la ligne, on sait qu'on va la franchir, on est porté par ce je ne sais quoi... On prend le temps pour les photos, on se félicite... Il ne faut pas se précipiter et profiter de ce moment. C'est l'aboutissement d'un long projet... Le moment derrière lequel nous courons depuis tout ce temps. Nous l'avons fait (enfin, presque)...
KM42,195 : C'est maintenant fait !!! Nous sommes MARATHONIENS !!! Dès que je m’arrête, mes genoux vont mieux... Je suis très, très heureux et fier !!! J'ai les yeux embués... Les mots semblent tous dérisoires pour décrire l'émotion de ce moment... J'ai couru 42,195 kms !!! J'ai le visage marqué par l'effort et des traces de sel laissée par ces 5 heures de sueur. J'ai été au bout de moi-même !! Je ne serais plus jamais le même... JE SUIS MARATHONIEN... Une page de mon histoire de coureur est en train de se tourner, une page de plus de 700 kms, plus 80 heures passées à courir...

Avant de tourner définitivement cette page, on me remet ma médaille de finisher : cette médaille, en pur cochonium, a en réalité une valeur inestimable... C'est un peu comme le Graal pour le coureur lambda que je suis. Je l'arbore fièrement...
On me remet ensuite mon tee-shirt de finisher (je ne me lasse pas de ce mot !). Celui qui me donne mon tee-shirt me demande "Ben t'étais où Olivier, ça fait une demie heure qu'on t'attends..." Je lui réponds "Sûrement pas. Je suis un vrai métronome : j'avais dit 5h et au final je fais 4h58 !!" Il me félicite...


Le retour à la maison se déroule bien (même si les escaliers pour descendre prendre le métro sont raides), de toutes façons, rien ne peut m'arriver... Je suis marathonien ;-)
Après une bonne douche, on se prépare une bonne assiette de pâtes (pour refaire les réserves). On regarde Stade 2, afin de voir des images du marathon de Paris, comme pour faire durer le plaisir un peu plus longtemps... Comme pour repousser encore un peu le moment où ce projet prend fin, repousser le vide qui existera obligatoirement après l'aboutissement de ces dernières heures.
Je découvre qu'il y a un coureur qui a fait le marathon des sables (qui finissait le samedi) et enchainé sur le marathon de Paris quelques heures après... Il explique avoir "heurté le mur" au 32ème... Petit joueur :-)    Respect !!!
Ensuite "Sept à Huit"... C'est à peu prés le temps qu'il me faut pour m'endormir : 7 à 8 minutes !!! Bonne nuit le marathonien :D

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